LE DROIT A LA VIE BAFOUE PAR LES CATASTROPHES NATURELLES

Belembaye T. Bell/ONUAA (Food and Agriculture Organization of the United Nations)

Le droit à la vie est le premier droit auquel tout homme aspire. La vie ne peut avoir son sens que si les êtres humains vivent car ils sont les seuls à lui donner son sens le plus noble. Malheureusement, il y a beaucoup de personnes qui ne peuvent jouir de ce privilège de vivre non pas à cause de leur péché mais par la faute de ceux qui oublient ou ignorent que quelque part dans le monde de milliers des peuples meurent. J’écris ce petit article pour apporter ma contribution au côté de tous ceux qui luttent pour le droit à la vie des peuples, au côté de ceux qui ont une pensée pour tous les peuples du monde qui souffrent. Car c’est un devoir pour tous de sauver ce droit qui est bafoué par les catastrophes naturelles. Aucun pays ne peut se sentir indifférent devant l’ampleur des souffrances des peuples de cette planète Terre. Il est vrai que tous les pays souffrent. Mais ce sont seulement la nature et le degré de cette souffrance qui  varient d’un point à un autre.  En Asie, en Amérique et  dans le Pacifique, on assiste ce dernier temps à des catastrophes naturelles d’une telle ampleur qu’il est parfois difficile d’expliquer. Tout le monde parle de changement climatique mais personne ne démontre le pourquoi et tout le monde en subit les conséquences tant physiques, environnementales, géopolitiques qu’humaines. Malgré les mesures plus sophistiquées de prévention, avalanches, incendies, tempêtes, inondations et séismes continuent de se produire à une fréquence plus soutenue. Les risques d’apparition de ces fléaux deviennent de plus en plus certains créant des psychoses dans beaucoup de pays.  A cela s’ajoutent la sécheresse, les feux de brousse et ces dernières années le réchauffement de la planète dont les conséquences vont visiblement affecter de manière plus sensible la vie humaine sur terre. La chaine de surveillance allant de l’Observation à la décision en passant par l’information, l’anticipation et la gestion du risque n’a pas toujours permis de prévoir ni moins encore gérer de façon efficace ces catastrophes. En Afrique, les crises agricoles sont de plus en plus fréquentes, graves mais malheureusement, imprévisibles. Malheureusement c’est la franche de la population rurale qui tire ses moyens de subsistance de l’agriculture qui est la plus touchée.

Les pays africains au sud du Sahara ont leur part de fléau naturel qui ravage des populations entières. Les épisodes de sécheresse due au déficit pluviométrique de ces dernières années exposent des régions entières à des catastrophes alimentaires graves. La bande sahélienne du Tchad où vit une grande partie de la population se retrouve dans une situation d’insécurité alimentaire permanente depuis déjà quelques années. La région du Kanem située à l’ouest du pays est devenue l’épicentre de cette crise qui a affecté le pays en raison de l’échec de la production agricole due au déficit pluviométrique de la campagne 2009. Plusieurs études et enquêtes ont révélé des statistiques du taux de malnutrition qui dépasse largement le seuil d’urgence et suscité d’énormes inquiétudes dans l'opinion publique. Les  taux de malnutrition aigue globale et aigüe sévères relevés en septembre 2008 étaient de 18 % et 3% respectivement. Cette tendance a été confirmée par  l’étude menée par Action contre la Faim (ACF) qui a révélé de taux de prévalence de 20% et 2.8% pour ces deux cas de malnutrition au voisinage de la grande ville de la région où le taux de mortalité journalière est estimé à 3 ‰. Dans les régions voisines du Kanem, des taux similaires ont été enregistrés avec un taux de malnutrition aiguë global de 21.1 %. Par ailleurs 40.75 % de ménages a une  consommation alimentaire pauvre tandis que 12. 2% a une consommation très limitée et 53 % une consommation déplorable. Le nombre des admissions mensuelles dans les structures de prise en charge de la malnutrition aiguë sévère est multiplié par 6 entre Janvier et Mai 2009 soit une augmentation de 84% dans le Kanem géographique

Le déficit d’aliments  énergétiques (céréales, féculents oléagineux) et  protéiniques (viande, lait, poisson, protéagineux) doublé de la mauvaise qualité des aliments disponibles provoque de maladies graves chez des milliers d’enfants. Ceux qui n’étaient pas vite secourus perdent le droit à la vie. Je vis actuellement dans cette zone et je connais l’horreur que provoque cette crise sur la population dont les bras valides quittent massivement pour d’autres régions ou carrément d’autres pays laissant derrière les vieilles personnes et les enfants à leur triste sort.

Ces personnes abandonnées ont besoin de l’attention des gens qui croient que le droit à la vie est le droit fondamental qui mérite d’être défendu. Pour finir j’en appelle à toutes les personnes de toute race, de toute culture et de toute confession religieuse d’avoir une pensée particulière pour les affamés, les refugiés, les victimes des catastrophes naturelles de part le monde et d’user de leur devoir de secourir les personnes en danger pour atténuer les souffrances des peuples. La mort et l'invalidité d'enfants sur une grande échelle, la mortalité maternelle  toutes liées à la malnutrition due à la crise agricole prive cette partie de l’humanité de leur droit à la vie. Agissons ensemble !

Belembaye T. Bell
La  FAO lutte contre l'insécurité alimentaire au Kanem/Tchad
FAO= Organisation des Nations Unies pour L'alimenetation et l'Agriculture